Je lui parle tout le temps.

Même quand elle était Bidule encore dans mon ventre je lui parlais.

Pendant des heures, je lui racontais le monde dehors. Je lui disais son père que j'aime tant et tous ceux qu'elle allait rencontrer en naissant.

Au fond je suis convaincue que, si elle nous a fait la surprise de mettre la tête en bas moins de 48 heures avant la césarienne que je redoutais tant c'est parce que je lui ai parlé. Je lui ai raconté ma tristesse de ne pas accoucher comme je l'avais imaginé. Ma tristesse qu'elle ne puisse pas choisir son moment. Ma tristesse qu'elle naisse dans un bloc et pas dans une salle de naissance, que nous soyons privées de ces 2 heures de peau à peau dont je rêvais si fort. Je lui ai raconté aussi que si elle voulait bien se retourner ce serait difficile et fatiguant. Mais que je croyais sincèrement que ça en valait la peine. Et elle s'est retournée 11 jours avant le terme, 2 jours avant la césarienne.

Depuis qu'elle est née, bien entendu, je continue de lui parler.

Je lui dis combien je l'aime. Combien j'aime son père. Je lui dis ce que j'espère pour elle. Je lui demande d'avoir un but dans la vie : être heureuse et construire ce bonheur sans rendre les autres malheureux. Je lui dis que si elle y arrive elle fera de nous des parents comblés.

Je lui raconte aussi nos tristesses. Et en ce moment il y en a. Je lui dis pourquoi les évènements nous rendent malheureux. Je lui parle des gens qui nous manquent. Je lui dis aussi que c'est normal d'être triste parfois et que ce n'est pas à elle de porter cette tristesse... Mais que puisque ce sentiment existe elle a le droit de le savoir. De le comprendre. Je lui dis que notre amour à tous les 3 est bien plus fort que toutes nos tristesses.

Je ne sais pas ce qu'elle perçoit. Elle n'a pas un an...

Mais je lui parle tout le temps.

La bavarde

Partager cet article