Charlie.

Tu as presque 20 mois et tu n'as aucune conscience de ce qui s'est passé ces deux derniers jours.

Je n'ai pas allumé la télé ni la radio en ta présence. Tu es allée à la crèche comme chaque semaine. Tu n'as pas pas, bien que vivant dans un quartier concerné, été confrontée aux forces armées déployées un peu partout.

Un jour peut-être, dans quelques années, nous parlerons de ces deux journées noires.
De ces hommes assassinés lâchement, bruyamment. De ces innocents.
De cette attaque frontale aux valeurs qui font le pays dans lequel tu es née, dans lequel tu grandis et dans lequel, je l'espère, tu seras heureuse.

A ce moment là le temps aura passé et je saurai, je l'espère, trouver les mots pour te dire la profonde tristesse. L'angoisse immense.

Je n'oublierai pas de te dire alors ce que tu as fait pour moi pendant ces deux jours-là.

Ton sourire.
Ta gourmandise.
Ta peau douce.
Ton odeur.
Tes fous rires n'importe quand.
Tes cris de joie devant une planche de gommettes.
Tes dessins.
Tes bisous avec les dents.
Le chocolat qui coule dans ton cou.
Tes petits bras autour de ma nuque.
Et la réaction des bébés que je porte quand tu me fais un câlin...

Grâce à toi je n'ai pas oublié que la vie est belle.
Malgré tout. Malgré tous ceux qui tentent de l'anéantir.
Grâce à toi je sais que l'espoir ne meurt pas.
Grâce à toi je crois.

Le monde est beau ma douce.
Tu verras !